I1
n'a rien à voir avec le Petit Poucet et
pourtant les histoires de cailloux, il en connait
un bon tas.
Jean-Paul Carayol est ce
drôle de bonhomme, un enfant du pays natif de
Livernon, que tous les automobilistes empruntant la
route départementale 802 reliant Figeac
à l'A20 aperçoivent. Car, qu'il
vente, qu'il pleuve ou qu'il fasse soleil, ce
bâtisseur est toujours fidèle au
poste. Et après 24 mois de travaux, le mur
de pierres sèches qu'il construit pour le
conseil général du Lot se termine
enfin.
« Plus qu'une vingtaine de
mètres, commente-t-il, et cette
réalisation de près de 800
mètres de long et d'une hauteur variant de
1.4 à 1.5 mètres, en «fonction
du dénivelé, sera achevée.
» Jean-Paul Carayol n'en est pas là
à son coup d'essai. « J'ai
déjà plus de 7 km de construction
à mon actif», assure-t-il. Et preuve
à l'appui, voilà notre
bâtisseur qui sort de sa poche un petit album
photo dévoilant une multituqe de merveilles
de pierres sèches: cazelles, murets, etc.
« Tout est innovation personnelle. Sur ce
mur-ci, par exemple, précise-t-il en
montrant l'ouvrage de la RD 802, j'ai mis 11 niches
voûtées, 6 nichoirs pour les oiseaux,
j'ai aménagé une cour pour la cazelle
avec une réplique d'une porte de jardin du
Causse. Le mur est construit au gré des
envies du bâtisseur»,annonce-t-il
fièrement.
CELA ATTIRE TOURISTES ET
LOTOIS
Véritable curiosité, la construcction
attire depuis plusieurs mois maintenant touristes
et Lotois.
Les gens s'arrêtent, prennent des photos et
font un brin de causette. Il faut dire que, comme
tout passionné qui se respecte, Jean-Paul
Carayol devient vite intarissable dès que
l'on parle de pierre. « Il y a bien des petits
malins qui m'ont proposé du travail au noir,
mais moi je reste opposé à toute
proposition malhonnête »,
prévient-il.
300 CAMIONS DE TERRE ET 2000
TONNES DE PIERRES
Quant à ceux qui viendraient glaner quelques
informations, notrehomme n'en est pas avare bien au
contraire.
|
Jean-Paul Carayol aura
achevé le mur situé entre 1'A20 et
Figeac, dans quelques semaines. Photo DDM, L.
Bertoni
«Avec une base de 70 cm au
pied du mur et une largeur de 50 cm en haut, il ne
fallait pas lésiner sur la matière
première. Ce chantier a été
possible grâce auxemployés dela DDE de
Livernon qui m'ont livré 300 camions de
terre, dont j'ai extrait 2 000 tonnes de pierres.
Quant à la terre, prévient-il, il ne
faut surtout pas en mettre dans la construction.
Elle retiendrait l'eau de pluie dans les murs et
à la moindre gelée ferait
éclater la pierre.» De l'énergie
aussi, il lui en aura fallu. A 52 ans, Jean-Paul
Carayol n'a pas compté ses coups de pioche.
Seule certitude, son outil a perdu de 5 à 10
cm en 24 mois de chantier.
Et pour ceux qu'un tel ouvrage
tenterait, autant être prévenu.
«Faire des murs en pierre sèche,
ça ne s'apprend pas, c'est dans les
gênes, c'est héréditaire. En
Bretagne, il y a des peuples de navigateurs qui
connaissent la mer.
Dans le causse, il y a des
peuples de bâtisseurs qui connaissent la
pierre. » A bon entendeur. . .
Laëtitia Bertoni
|