|
GREALOU
|
Appel de Jean-Pierre
Lagasquie pour sauver un monument
mégalithique
exeptionnel
|
Un dolmen
en danger
|
ce
dolmen-là fait décidément tout
pour se faire remarquer. Pour commencer, il ne
respecte pas les limites communales. A cheval sur
Gréalou et Montbrun, pa:rtagé entre
deux propriétaires, on l'appelle des Aguals
ou, plus poétique encore, de la Combe de
l'Ours, selIon le point de vue où l'on se
place.
Ceci pour l'anecdote. Le regard
du protohistorien, en l'occurrence celui de
Jean-Pierre Lagasquie, s'attache d'abord à
la richesse archéologique: « C'est une
découverte majeure parmi les
mégalithes du Quercy. D'abord par les
dimensions du monument: trente mètres de
diamètre environ. Ensuite, en raison des
structures qui ont été mil ses
à jour sous le tumulus » (lire
ci-dessous).
Un petit Karnak quercynois,
toutes proportions gardées. Fouillé
pendant six étés consécutifs,
par une équipe pluridisciplinaire, le site a
servi d'espace funéraire pendant environ 2
500 ans, depuis le néolithique final
( - 3 000 avant notre ère) jusqu'au premier
âge du fer. Selon toute vraÏsemblance,
le culte des morts se confondait avec le culte tout
court.
UNE TABLE GÉANTE
Le dolmen de la Combe de l' Ours apporte des
informations précieuses . Il permet de mieux
comprendre le savoir-faire des bâtisseurs de
la préhistoire, plus complexe qu'il n'y
parait. Sous le tertre de 3,8 mètres de
hauteur, entièrement dégagé
à la pelle et à la brouette, la
table, dont on ne voyait auparavant que le front,
impressionne par ses dimensions : cinq
mètres de long sur 2,7 de large et un
mètre d'épaisseur « L'une des
trois ou quatre plus grosses de la région,
précise Jean-Pierre Lagasquie. La plus
grande, la Pierre Martine à Livernon, mesure
7 mètres mais elle est nettement moins
épaisse ». Des géants au royaume
des mégalithes car le Lot compte 600
dolmens; 800 dans l'aire géographique du
Quercy. Si l'on ajoute le millier recensé en
Aveyron, on atteint des nombres très
supérieurs à ceux de l'inventaire
breton.
|
Pendant six ans, avec une
équipe d'une quinzaine de personnes, dont un
géologue, Jean-Pierre Lagasquie a
fouillé le site du dolmen de la Combe de
l'Ours. Photo DDM, C. C
Un réseau concentrique de
murets et de pierres dressées, enserrant la
table, indique que la chambre funéraire
s'intègre dans un ensemble. La
nécropole principale, sous la dalle, est
assortie de tombes annexes, à la
périphérie, sous le tumulus.
Maintenant que le gisement a livré son
secretJean-Pierre Lagasquie y voit une
opportunité extraordinaire de tourisme
culturel, en plein cur du parc naturel
régional des Causses du Quercy. Il lance un
appel aux élus, aux responsables des
affaires culturelles :« c'est tout à
fait possible. J'ai déjà
restauré un dolmen près de Clermont -
Ferrand. Pour Gréalou, j' ai proposé
un devis de moins de 40000 €».
L'autre solution,
évoquée par le service
régional de l'archéologie, est
terrible: recouvrement du dolmen de la Combe de
l'Ours par un apport de granulats ( castine)
déversés. . . à la pelle
mécanique.
Christian
Cazard.
|
Un
dolmen n'est pas seulement une dalle Posée
sur des pierres dressées
La face
enfouie des mégalithes
|
Deux pierres dressées (
orthostates) ;une troisième à
l'arrière,dite dalle de chevet ; une grande
table en pierre par-dessus. Simple comme un dolmen
? Pas du tout.
Pour les protohistoriens, il ne
s'agit là que de la chambre
funéraire. A l'origine elle était
recouverte, d'un grand tas de terre ou de pierre,
rogné au fil des siècles par
l'érosion et l'agriculture. Un tumulus qui
cache souvent d'autres structures bâties. La
fouille dans la Combe de l'Ours a mis en
évidence des murets en pierre
sèche,en fer à cheval dont l'
ouverture vient s'appuyer à l'entrée
de la chambre funéraire. L'ensemble est
ceinturé par une couronne de dalles
dressées. Parole de géologue, les
constructeurs sont allés les chercher
à plusieurs kilomètres. Ce mur
constitue peut-être une étape
intermédiaire dans une construction sur
plusieurs millénaires. En effet, un
deuxième cercle est décelable
quelques mètres plus loin, en limite de
tumulus.
A Gréalou, deux
nécropoles annexes indiquent une utilisation
du site sur plusieurs millénaires.
Nécropole à incinération,
typique du 1er âge du fer ( 12e-6e
siècles avant notre ère) restes
enterrés d'un nouveau né
retrouvés dans un vase (6e
siècle).
Parmi les matériaux
extraits des fouilles par l'équipe de
Jean-Pierre Lagasquie, ont été mis
à jour une pointe de flèche à
pédoncule (ailerons) et un poignard en
cuivre losangé. Ce dernier objet est
caractéristique de la civilisation de
Fonbouysse, dans les garrigues languedociennes. Il
indique des échanges Comrnerciaux entre le
Midi et le Quercy, plusieurs millénaires
avant notre ère.
|
Les vestuiges du tumulus
forment deux lignes en croix. On distingue aussi
les murets autour de la chambre funéraire,
le cercle de dalles dressées, le parement
externe. Photo J.
L;Costes.
|
Commentaires
du Webmestre
Un document
exceptionnel du passé qui mérite
protection et exploitation raisonnée
.
La
Dépêche du Lot
du25/11/2003
|
|