-Betty et Danou
sont Alsaciennes. Au foyer des jeunes en Quercy,
à Cahors, elles engrangent quelques forces
avant de repartir pour une autre étape, 24
heures après. Pour ces retraitées,
âgées de 120 ans à elles deux,
bon il et surtout bon pied, le chemin de
Saint-Jacques s'est imposé comme une
évidence. « Nous n'avons pas vraiment
choisi de faire ce pélerinage. Un jour, le
départ est devenu une
nécessité, sans que nous sachions
pourquoi survenait ce besoin, aussi
impérieux» expliquent-elles. « Les
trois quarts des pèlerins ne savent pas
pourquoi ils partent, assure Danou. Certains ne
sont pas croyants, d'autres n'arrivent jamais
à Compostelle. Mais tous trouvent quelque
chose sur le chemin. On ne revient jamais
bredouille d'une aventure comme
celle-là». Parties du Puy, le 1er mai,
Betty et Danou avancent en flânant, au rythme
des rencontres et des aléas du chemin. Sac
au dos orné de la coquille, emblème
de Saint-Jacques, elles profitent avec
sérénité de leur nouvelle
condition. « Beaucoup de pèlerins sont
des randonneurs très sportifs, soucieux de
perfor-mances. Ils vous assènent des
chiffres et se fixent tant de kilométrage
par jour. Nous sommes toutes deux des
habituées de la marche, mais Saint-Jacques
n'est pas un marathon. C'est l'expression d'un
besoin de liberté, d'évasion. Une
façon d'exister au jour le jour »
estime Betty. Atteindre Compostelle à tout
prix ne fait pas partie de leurs priorités.
. L'important n'est pas d'arriver mais d'avancer,
dans tous les sens du terme, résume
Danou.
UNE GRANDE
COMMUNAUTÉ
Au fil des jours,
les marcheuses ont ressenti un fort sentiment
d'appartenance pour la grande communauté des
pèlerins qui sillonnent les sentiers de
Saint-Jacques.
Au détour du chemin, certains se
reconnaissent et se lient d'amitié. «
Les gens nous interpellent, la conver-sation
s'engage » se réjouit Betty.
Malheureusement, à côté des
enrichissements humains de l'expérience, le
chemin de SaintJacques n'a pas
échappé à
l'instrumentalisation économique. « Les
pèlerins sont parfois pris pour de vraies
vaches à lait. Ce mercantilisme est de plus
en plus pesant: nous ne nous en sortons pas
à moins de 150 francs par jour ! Nombreuses
sont les associations qui encadrent des groupes
ressemblant de plus en plus aux tours
opérators. Dans ces conditions, le chemin de
Saint Jacques vire au parcours balisé. Ce
n'est pas sa vocation » s'agacent les
pèlerines.
Loin des porteurs
de bagages et de l'esprit grégaire, Betty et
Danou continueront demain leur petit bonhomme de
chemin... Prochaine étape : Lascabanne.
M.B.
|
1 Betty
et Danou sont partis du Puy le 1 er mai,
direction:
Saint-Jacques de Compostelle. Photo DDM - M.
B.
Le Lot sur le chemin de
Saint-Jacques
-Depuis quelques
années, le chemin de Saint-Jacques de
Compostelle est de nouveau foulé par des
milliers de pèlerins, venus de France et
d'ailleurs. le sentier de randonnée GR 65
qui suit les traces de Saint-Jacques, traverse le
Lot, de Figeac à Limogne en passant par
Cahors ou Lascabannes. L'an passé, le Foyer
des jeunes en Quercy en a accueilli plus de 2500.
Le nombre de pèlerins ne cesse d'augmenter.
Certains sont obligés de loger à
l'hôtel car les foyers cadurciens sont
parfois saturés, témoigne la
directrice du Foyer des jeunes en Quercy. Hors
saison ou sous la chaleur de l'été
lotois, des retraités seuls ou en groupes,
des couples avec ou sans enfants, se lancent dans
l'aventure de Compostelle. De toutes
nationalités, Hollandais, Polonais, Russes
et surtout Canadiens, le pèlerinage n'est ni
l'apanage des Français, ni celui des
croyants. Aussi surprenant que cela puisse
paraître, la foi chrétienne n'est pas
la seule quête à pousser les gens sur
le chemin. Au foyer des jeunes travailleurs, 150
marcheurs font halte chaque mois: « La
motivation réside aussi bien dans
l'accomplissement d'un acte de foi que dans des
recherches personnelles », explique-t-on au
FJT. « Le passage du GR 65 dans le
département permet d'assurer la promotion du
tourisme lotois. Outre les foyers, des gîtes
et des Sociétés de transport de
bagages leur sont spécialement
destinés »
|